M-A
- Anna gnfl
- 13 mai 2020
- 10 min de lecture
La musique résonne dans le petit appartement Parisien et on entend du bout du couloir, un petit air espagnol. J'avance vers cette ambiance festive et joyeuse aux odeurs de vacances d'été. Encore une année de finie. Une année de BAC ou j'ai vécu ma vie dans mon coin pour bosser comme depuis toujours. Pas de soirées, peu d'amis, pas de conneries, pas de copines ni de copains = la tranquillité absolue pour une seul but, le Baccalauréat.
La porte est devant moi et je pense une seconde à toquer puis me ravise. Personne ne m'entendrais, alors dans un élan de folie, j'enfonce la poignée puis regarde ce qui me fait face, un couple se roulant une pelle monumentale en se «calinant». Les yeux comme des soucoupes, je décide de contourner ces gens et décarpis de l'entrée.
Ils sont au courant qu'il a du monde autour ? Apparemment oui, mais l'alcool a retiré toute pudeur et toute gène de leur corps.
En continuant mon périple vers je-ne-sais-quoi, on me cogne l'épaule, ce qui me fait sortir de ma bulle et je retombe sur terre avec la musique forte et les gens sans gêne.
« - Tiens, te voilà ! Je ne t'attendais plus. T'as foutu quoi ? »
C'était Bastien, mon seul ami. Et malgré qu'il n'était pas du tout dans le même délire que moi, on s'entendait bien. Il est habitué à ce genre de fêtes parce que c'est toujours lui qui organise les soirées du nouvel an et de la fin de l'année scolaire puisqu'il en a largement les moyens. Tous les ans il m'y invite et tous les ans je décline l'invitation par peur de l'inconnu. Mais cette année j'ai voulus lui faire plaisir, et j'ai accepté. Quand j'ai vu la joie sur son visage à ma réponse, je me suis demandé dans quoi je venais je me mettre. Les trois quarts de ces fêtes se finisaient en n'importe quoi donc j'avais pas vraiment envie de me retrouver dans des trucs bizarres.
Mais qu'importe, ce soir j'étais pour faire acte de présence, point final.
« - C'est normal qu'il a un couple limite en train de baiser dans l'entrée ? dis-je pour détourner la conversation vers autre chose. Tu trouves ça normal, toi?
- Ouais, tu sais c'est la routine, me répondit-il en riant. Aller, détends toi s'il te plaît. T'es là pour t'amuser. Et puis souris un peu, on dirait un croque-mort avec un balai dans le cul !
- Eh ! Je t'interdis de me traiter de coincé, et le métier de croque-mort est génial, je te signale !
- Mais oui, c'est ça. Aller, bois un peu ça te détendra. Et oublis pas de te faire plais', c'est la première fête de toute ta vie, et la dernière du lycée, après on se casse. Alors profite ! me crie-il par dessus la musique en repartant dans la foule le bras levé. »
Génial. Maintenant je suis tout seul.
J'avance lentement entre les gens pour trouver un canapé où m'asseoir pour la soirée mais ils sont tous occupés par les Bad boys qui dragent et les nanas qui pleurent. Bon, bah tant pis il faut que je trouve autre chose.
Je repère vers le fond de la pièce, une fenêtre ouverte. Peut être est-ce l'occasion de respirer pour la première fois depuis mon arrivée, alors j'y vais, assoiffé d'air.
En effet, l'air est présent. Un air plus froid que d'habitude. Le balcon est libre alors je m'y assoie. Devant moi se tien la ligne d'horizon Parisienne. Des immeubles à perte de vue avec des lumières qui s'y allument et qui s'y éteignent. Le ciel est dégagé et les étoiles sont présentes. Une belle soirée d'été comme il se doit.
Après ma minute de contemplation, je sors mon paquet de cigarettes et mon briquet pour m'en cramer une.
Quoi ? J'ai dis que je ne faisais aucunes conneries ? Bah oui, mais fumer est la seule autorisée par des parents fumeurs.
Dans la nuit, le feu consume lentement le tabac se trouvant dans le petit rouleau de papier blanc.
Une bouffée, un manque.
Une seconde, un soulagement.
Une troisième, un plaisir.
Une dernière, un besoin.
Je sentis quelqu'un s'asseoir non-loin de moi, mais n'y fis pas attention, pris par ma contemplation du ciel étoilé, cigarette au bec.
« - C'est beau. dit une douce voix à côté.
- Ouais. répondis-je, lassement.
- C'est drôle de voir quelqu'un d'aussi posé aux fêtes de Bastien. Madelaine. dit-elle en me tendant sa main.
- On est amis, et comme je refuse chaque année, là, j'ai pas pus lui refuser la dernière. rigolé-je, en lui la serrant.»
Un blanc s'installait, alors par pure politesse, je lui tendis ma clope.
« - Merci. J'aime bien cramer ma santé. Et puis comme dirait un vieux hippie...
- ...Faut bien mourir de quelque chose. Finis-je avec elle, un sourire en coin.
- Je vois que Monsieur est un hippie !
- Parle pour toi !
- Dans ce cas on est tout les deux des hippies modernes, rigole-t-elle. Tu fais quoi ici, si t'aimes pas les fêtes et que tu t'exiles sur le balcon ?
- Je suis venus pour faire plaisir à mon pote, faire acte de présence, c'est tout. Je partirais vers minuit, quand j'aurais l'excuse du couvre feu imposé par mes parents. Mais en attendant je reste loin de tout cela.
- Vraiment !? Le couvre-feu des parents ? Rit-elle. Je sais pas quel âge tu as, mais en terminale, on a dix-sept, dix-huit ans, et à cet âge là, on est assez libre. Donc suis désolée, mais tu as zéro crédibilité !
Du fait de sa moquerie, je tourne pour la première fois la tête vers elle, et je découvris un ange. La faible luminosité cachait la moitié de son visage, laissant apparaître seulement un œil bleu azur remplit de malice. Son regard doux et percent semblait me défier. De fines lèvres étirées en sourire, faisaient ressortir ses joues roses, le tout encadré par une jolie mâchoire. Ses cheveux blonds cendrés au carré finisaient ce visage parfait.
Wow, comment dire....
« - Fais gaffe, t'as de la bave, souffle-t-elle en riant.
Je détourna aussitôt la tête, comme dans un état second.
-Hum, oui pardon, ça se fait pas, m'excusé-je, aussi rouge que son pantalon de jogging.
-T'en fais pas, vas. T'es pas mal non plus, tu sais, rigole-t-elle en ébouriffant ma touffe de boucles brunes que je déteste tant.
OULA ! Pourvu que je sois pas aussi rouge que celà me gène parce que ça risque d'être problèmatique !
- Euh, ouais si tu veux...
- Saches un truc, j'ai toujours raison, dans toutes les situations, alors oui, tu es beau.
- Bah écoute, merci, dis-je. Je pense que je n'ai pas besoin de te dire ce que j'ai pensé de ton physique, je suis assez lisible comme ça... Finis-je, un poil vexé. Un vrai livre ouvert..
- C'est pas grave tu sais. Et sinon, pour le regard que tu as eu sur moi, je l'avoue, très différents des autres mecs ou nanas, c'etait un regard doux, flatteur et respectueux donc je t'en remercie.
Mais sinon, j'aime bien les gens qui sont facilement lisibles, sans te vexer bien sûr. Mais c'est tellement mieux que le cliché du gars ou de la nana au regard impénétrable et ténébreux. On ne sait jamais ce que pensent ces gens là et ça m'énerve parce que j'adore analyser les gens.
Je lui lança un regard suspicieux, en train de me demander si elle savait qui j'étais.
- C'est sûr, ça fait bizarre dit comme ça, avoue-t-elle, mais dans la façon d'être de quelqu'un, on peut tout savoir sur lui. C'est juste passionnant, et ça permet de ne pas penser à ses problèmes l'histoire de cinq minutes.
- Je vois. Un échappatoire, quoi. Ducoup, tu fais quoi ici si tu t'exiles autant que moi ?
- Eh bien je suis venue avec une amie et sa copine avec qui on est déjà allées à la fête du Nouvel an, et comme on s'est bien entendues avec Bastien, il nous a re-invitées pour l'édition estivale. Et puis là ce soir, on était toutes les trois, puis je suis allée me chercher à boire et quand je suis revenue, elles avaient complètement disparues. Donc j'ai fouillé l'étage entier puis j'ai laissé tomber en me disant qu'elles étaient sûrement à l'étage au dessus dans une des chambres. Je me sentais un peu seule au milieu de toute cette foule donc autant être seule à l'extérieur et en profiter pour prendre l'air. Puis j'ai vu la fenêtre ouverte et t'étais là, assis contre le mur sur le balcon. termina-t-elle en frissonnant.
- Ah oui les lâcheuses ! je m'exclame. Elles auraient pu te prévenir, c'est pas cool!
- Exactement !
- Alors comme ça, t'es pas du lycée Jean moulin, je t'ai jamais vu.
- Non, je suis même pas de Paris !
- J'ai crus que t'allais dire que t'étais pas française.
- Seulement à moitié. Je suis à moitié française par mon père, à moitié suédoise par ma mère et j'habite au Havre.
- Ah oui, t'es même pas de là en fait. rié-je. Comment tu t'es retrouvée a Paname pour le nouvel an ? C'est pas la porte à côté, quoi !
- Je suis venue avec des potes pour les vacances, les mêmes qui m'ont abandonné et puis comme j'ai bien réussi mes examens, j'ai eu le droit de venir à la fête des vacances. me sourit-elle.
- Okay, d'accord ! Bachelière....
- ... Littéraire ! finit-elle à ma place.
- Évidemment ! je ris, étant de la même filliaire.
C'est fou à quel point elle est rayonnante..
- Eh ! Les amoureux ! cri Bastien qui débarque par la fenêtre. Vous v'nez ?!
Madelaine et moi nous jetons un regard gêné.
- Euh ouais, pourquoi pas. répondit-elle en se levant.
- Il te rejoins, lança-t-il. J'ai deux mots à lui dire!
Quand elle fut partie, j'assèna à Bastien une claque derrière la tête.
- T'es sérieux ?! crié-je. "les amoureux"??
- Bah quoi ? Vous parliez et vous rigoliez !
- Mec, je la connais depuis une demie heure !
- Écoute, j'en sais rien. Mais en tous cas, vous vous lanciez de ces regards, MAMMA MIA! il rigole.
- Dis pas n'importe quoi, t'as rien vu. Et puis laisse moi tranquille..
- 5 secondes, l'artiste. dit-il en me barrant la route de son bras. J'te connais, mec, et t'es hyper lisible.
- Bon bah ça va, vous avez finis me lire en moi comme ça ?!
Il souffla.
- Et ce regard se reconnaît à mille kilomètres. Alors juste, fonce !
- Ouais ouais ! repondé-je, vite fait en retournant à l'intérieur.
Je rentra dans la pièce, toujours aussi bondée. Je cherchais Madelaine des yeux, puis sentis deux petites mains sur mes épaules.
- Il voulait quoi, Bastien ? elle demande.
- Rien d'important. C'est Bastien, quoi ! Rié-je.
La musique actuelle s'arrêta et un bruit de micro insupportable se fit entendre dans la pièce nous faisant tous grimasser puis quelqu'un pris la parole.
- Aller tout le monde ! Vous avez assez gigoter comme ça ! Et...
Bastien, non...
- ... C'est l'heure des slows ! Trouvez-vous un partenaire de bonne compagnie parce que la musique va démarrer !
Putain, il est casse couilles celui là ! Il est pas fichu de rester discret !
- Bon, et bien tu es de bonne compagnie, voudrais-tu danser avec moi ? souffla Mad à mon oreille, me faisant frissonner.
- Oui, je veux bien, je réponds, pendant qu'elle me rapproche d'elle, qu'elle place mes mains sur ses hanches et entoure mon cou de ses bras.»
Lorsque la musique démarre, et que Les filles désir de Vendredi sur mer résonne dans la pièce et le calme m'envahit. Elle me regardait intensément de ses petits yeux bleus, le sourire aux lèvres.
« - Au fait, tu connais mon prénom, mais je ne connais pas le tien. Quel est le vôtre, jeune damoiseau ? sourit-elle.
- Aaron.
- Sublime prénom, Aaron.»
Un blanc s'installa. Mais pas un blanc gênant. Un silence d'administration. Le même quand on observe une œuvre d'art plus que réussie. On se regarde, faisant disparaître tout le reste. Vous voyez la scène clichée dans les films américains à l'eau de rose où il y a le bal de fin d'année, que nos deux protagonistes dansent et se regardent pendant que tout le reste est flou et n'existe pas ? Parce que c'est exactement cela.
La musique Starboy de The Weeknd résonne et nous restons les seuls accrochés à tourner au milieu de la pièce.
Elle posa sa tête sur mon épaule, le nez dans mon cou. La trace de baisers qu'elle y laisse pour remonter jusqu'à ma mâchoire me fait frissonner et commence à me rendre fou alors je ne la laisse pas terminer et l'embrasse d'une passion qui ne me connaît qu'à peine.
Sa langue contre la mienne, dans une symbiose parfaite.
J'y mets fin le premier, mon air commençant à manquer.
« - Wow, ça c'est un baiser, dit-elle le souffle court un sourire plaqué au visage. »
Je la remercie en un bisou, mon ventre faisant encore sa fête où des papillons volaient sans discontinuer depuis toute à l'heure.
Pendant que nous nous regardons encore, un applaudissement retentit dans le silence de la musique arrêtée. Je tourne la tête et je vois Bastien, debout sur la table du buffet qui applaudit et qui encourage même les autres à faire pareil, ce qu'ils font avec grand enthousiasme avec un supplément sifflements.
C'est pas vrai, il n'a pas osé ! Si, ducoup..
Le rouge aux joues, je me cache le visage de mes mains comme un enfant qui rajouterais un "je suis caché", sauf que je suis ni un enfant, ni caché.
Mad passe sa main dans mon dos comme pour m'encourager à sourire. Puis nous sortons par la même fenêtre que tout à l'heure.
« - Sacré Bastien, quand même, rit-elle.
- Putain, j'peux pas avoir un pote normal, des fois ?
- Mais si c'est bien, ça te fait sortir de te zone de confort, elle sourit. Ça me dérange pas d'être le centre de... »
Un téléphone sonne dans le silence de la nuit. Elle décroche et mordille son ongle. J'entends vaguement une voix crillarde au bout du fil et j'observe l'expression de son visage changer radicalement. De l'inquiétude s'y installe, puis une larme coule sur sa joue gauche. Je l'essuie avec mon pouce en plaçant ma main sur sa joue libre, inquiet puis elle raccroche, la tête basse.
« - Il se passe quoi ? je demande.
- Je...
- Oui ?
- Mon.. mon frère a eu un problème. elle éclaté en sanglots dans mes bras.
- Quoi ?! Comment ça, il va bien au moins ?
- Overdose d'héroïne, il, il y est resté. Je vais devoir retourner au Havre, désolée. finit-elle en s'enfuyant de mes bras pour partir vers la sortie.
- Attends, Mad ! »
Trop tard, elle avait déjà franchie la porte de l'appartement et je me retrouvais face à une porte fermée.
« T'attends quoi ? Vas au moins lui demander un numéro ! » avait dit une voix dans ma tête.
« Tu es égoïste ! Son frère vient de mourir et toi tu penses à son numéro ? Pathétique » avait dit une autre.
Décidé à ne pas les écouter, je pars à sa suite à travers l'immeuble en criant son prénom. Mais en arrivant dehors, elle était déjà montée dans un Taxi pour Le Havre. Son visage, ses joues pleines de larmes apparaissaient à travers la fenêtre du Taxi. Une main posée sur la vitre en signe d'adieux.
Comments